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Titre du blog : Moi Vaïreus, j'ai à vous dire.
Auteur : virus
Date de création : 23-11-2009
 
posté le 24-11-2009 à 12:58:53

Article 2, que la lumière soit.

 

J'étais au centre de l'île. Je passais du temps avec ce peintre autochtone, nous partions pour le week end. Nous sommes arrivés dans un village plutôt isolé.  Le peintre avait une cabane sur pilotis aux abords du village. De là nous surplombions toute la vallée, c'était magnifique. La fin de la journée approchait, la lumière baissait. Il y avait une toile qu'il voulait me montrer et moi ce peintre là me plaisait de plus en plus. Je le sentais j'étais exaltée. Son atelier se trouvait au village. C'était une petite construction de béton dans laquelle s'entassaient les toiles. Il me dit qu'il monte au village et que moi, en attendant, je pourrais essayer de réparer cette vieille radio qui trainait là inerte depuis for longtemps déjà. Si j'y parvenais j'aurais droit à un baiser. Mon sang n'a fait qu'un tour. Je suis passée de l'exaltation à une véritable euphorie intérieure. J'étais tout d'un coup raide dingue de ce mec. Il est parti j'ai observé la radio. Elle datait au moins du roi sezeth! J'avais entre les mains une antiquité déglinguée et rouillée. Le miracle s'est produit, j'ai connecté quelques fils de fer entre eux, j'ai refait le lien avec les piles et je ne sais comment la musique a jailli. Quand le peintre est revenu la musique se faisait entendre dans le silence de la vallée maintenant plongée dans l'obscurité et moi je n'en pouvais plus, j'étais à fond. Je me sentais capable de soulever des montagnes, je me sentais FULL POWER. C'est dans dans état émotionnel que nous sommes montés au village. Il voulait me présenter sa toile et moi, bien sûr, je voulais la voir. Nous arrivons à l'atelier, nous avons croisé peu de monde en chemin, quelques enfants peut être. Nous entrons dans la pénombre de l'atelier, la toile était là et moi j'étais très impatiente de la voir. C'était une grande toile posée au sol contre le mur. Que la lumière soit. Il actionne l'interrupteur, et la lumière ne fut pas. Il essaie encore, non ça marche pas. Mais moi je voulais voir cette toile. J'insiste. Je vais vers le centre de la pièce pour attraper le néon qui pendait au bout d'un câble accroché au plafond. Il doit y avoir un faux contact. Alors le peintre me nargue avec un "peut être que ma toile ne veut pas que tu la voie. Peut être qu'lle ne veut pas te voir."  Quoi, la toile de cet homme qui me mettait dans un tel état ne voudrait pas me voir, c'était inconcevable, non, il fallait que je voie cette toile. J'attrape le néon du bout des doigts je le fais pivoter d'un quart, il s'allume. Ah, c'était donc un faux contact et je peux voir la toile. Je regarde la toile, je lâche délicatement le néon. Il s'éteint. Le peintre me nargue encore. Il faut que je voie cette toile c'est comme si le flot d'émotions que je ressentais à ce moment là en dépendait. Je reprends le néon en main pour le bouger légèrement, il s'allume. Je le lâche il s'éteint. Satané faux contact. Je reste là à maintenir le néon les bras tendus vers le plafond, là je vois la toile! Je regarde la toile. Elle se trouve juste à coté de la porte de l'atelier  restée ouverte. Quelques enfants sont à la porte et m'observent en s'amusant de moi. Je suis toujours les bras tendus et je fatigue. Je décroche le néon pour l'observer de plus près et régler définitivement cette histoire de faux contact. Mais alors que j'ai le tube de néon nu dans les mains il reste allumé. Je regarde ce néon allumé dans mes mains, je le pose au sol, il s'éteint. Les enfants sont silencieux, le peintre me regarde. Je reprends le néon, il s'allume. Un sourire s'affiche sur mon visage, j'étais toute contente j'allais pouvoir regarder tranquillement la toile. A mon tour de narguer le peintre, je riais, "tu vois que je vais pouvoir voir ta toile!". Quelques enfants étaient partis, ils sont revenus avec les grands. Quelques personnes âgées étaient là aussi. Moi je jouais, mon visage devait être enfantin et illuminé de joie. Je jouais avec la lumière. Je la posais, pas de lumière. Je la reprenais, lumière. Le peintre me dit "pose ce néon". Je ne l'écoutais pas je voulais juste jouer.  Puis j'entends un "apa ini?", un genre de que se passe t'il ici. C'était une vieille dame. Les questions montaient à l'unisson et cette fois je l'entends le peintre. Le visage sérieux il  me répétait: «pose ce néon". Je pose doucement le néon. Il s'éteint. Je regarde le peintre répondre à la petite troupe qui s'était formée:"tidak apa apa, dia sama orang bali." Les enfants étaient amusés, les vieux me regardaient d'un air ahuri. Nous sommes partis.